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Le pays de Barberousse




Récit du voyage à Alger entrepris en 1895 par Vicente Blasco Ibañez. Description du trajet sur la ligne Valencia Alger à bord du "Perez". Description de la ville et de ses environs notamment le port, le boulevard de la République, Mustafa, la Casbah d'Alger, la grotte de Cervantes, la campagne algéroise et le marché aux bestiaux de Maison Carrée. Point de vue de l'auteur sur la société algérienne de l'époque, ses meurs, ses costumes, ses activités. Riches descriptions des personnes et de leurs habits, des uniformes et des coutumes des Indigènes.



Extrait du livre Le pays de Barberousse de Vicente Blasco Ibañez, traduit par Emile Martinez. (A paraître prochainement)


Nous voulûmes profiter des quelques heures qui nous restaient avant notre départ d’Alger pour contempler le quartier de la casbah à la lumière de la lune.

Les ruelles en pente raide avec leurs virages confus, leurs arcades basses et profondes comme des entrées de tunnel, leurs façades ventrues et dénivelées, offrent de nuit un spectacle théâtral, mélange d’ombres et de lumières avec des coins baignés d’une lueur rougeâtre et des ruelles entières plongées dans l’obscurité.

Quelques lampadaires à gaz, brillant comme des étoiles perdues dans une gigantesque masse d’ombres, causent d’instinctives surprises dans un quartier qui semble éloigné de tout contact européen.

Presque toutes les portes sont fermées. En bas, des ombres glissent furtivement sur le pavé en pente et, là-bas, en haut, sur les auvents saillant des murs, brille un faible rayon de lune. Une fenêtre s’ouvre soudain pour laisser passer des têtes curieuses, alarmées par le bruit de bottes européennes que l’ouïe fine des Arabes sait distinguer. Et, à côté de nous, passent, blancs et indécis comme des fantômes, pieds nus et silencieux, des Maures, encore plus de Maures. Ils reviennent chez eux avec leurs provisions pour le repas du soir car chez ces Orientaux terriblement jaloux, l’homme, pour laisser sa femme enfermée au plus profond de la maison comme un joyau excitant la tentation, se prête au rôle de commissionnaire et va faire les plus féminines des courses à l’extérieur.

Nous allons à l’aventure dans le quartier obscur, passant d’une ruelle à l’autre, toujours en montant par des côtes pénibles, avec la crainte de nous perdre.

Le chemin n’est pas exempt de surprises. Au détour d’une rue, nous enfonçant dans l’obscurité de ténébreuses ruelles, nous butons contre quelque chose d’immobile et de blanc qui s’agite et murmure des mots en arabe, sans doute pour nous maudire puis s’éloigne ou se colle contre le mur. Des Arabes à l’affût d’Allah seul sait quoi ! S’ils se contentent de nous maudire, c’est sans doute parce que nous sommes trois.

Dans ce quartier oriental qui pour l’artiste regorge d’une « typique » beauté, les heures de la nuit sont un manteau qui recouvre les plus grandes friponneries. Mais ni plus, ni moins que dans une ville européenne.









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Auteur : Emile Martinez
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